Le statut de chauffeurs des applis : les États-Unis comme laboratoire Des zones grises à la reconnaissance d’un tiers statut
Résumé
L’article[1] étudie la mise en place d’un statut propre aux « chauffeurs des applis » aux États-Unis et montre comment ce statut marque l’avènement d’une nouvelle phase dans l’ubérisation. Les plateformes du travail location-based, avec Uber en tête, s’affirment désormais en quasi-législateur. Des projets de loi visant à introduire un nouveau statut de « chauffeurs des applis » sont actuellement en cours d’élaboration dans plusieurs États, avec une implication directe de la direction d’Uber. Ils s’inspirent de la Proposition 22 adoptée en Californie à l’issue d’un referendum populaire en 2020. L’article analyse la manière dont les plateformes instrumentalisent les « zones grises » des institutions étasuniennes, comme la voie référendaire, à leur avantage pour se positionner en décideurs politiques. L’institutionnalisation d’un statut spécifique et de travailleur indépendant pour ces travailleurs de plateforme avec la mise en place d’un système de négociation sectorielle occasionne des dissensions au sein du mouvement syndical étasunien, notamment concernant le renouveau syndical dans ce pays.
[1] L’autrice souhaite remercier les évaluateurs anonymes pour leur lecture fine et leurs remarques enrichissantes.
Introduction
La reconnaissance
Plus que dans tout autre pays occidental, aux États-Unis, le contrat du travail subordonné à l’échelle de l’entreprise (company based) se trouve au cœur des institutions de régulation du travail et de la redistribution sociale. Selon le droit du travail de ce pays, lorsqu’un syndicat représentatif est habilité à négocier au nom de ses membres, les salariés bénéficient d’une rémunération, des avantages et des droits élevés. Ainsi, toute remise en cause de l’emploi salarié risque d’ébranler les fondements de l’État social et du pouvoir syndical. Or, les différentes propositions de lois préconisent pour le « chauffeur des applis
Dans le propos qui suit, nous analysons cette problématique au prisme des zones grises du travail et de l’emploi
Dans une première partie, nous présentons le modèle de régulation du travail subordonné aux États-Unis, somme toute peu connu, afin de mieux comprendre le modèle d’Uber à l’aune de son rapport à l’emploi salarié. Ensuite, dans une deuxième partie, nous étudierons le cas de la Californie pour analyser la manière dont la direction d’Uber a pu instrumentaliser les zones grises des institutions économiques et politiques pour se positionner en tant que créateur, et quasi-législateur, d’une nouvelle figure du travailleur
L’importance particulière de la relation de travail subordonné dans les institutions du travail états-uniennes
La relation d’emploi salarié, dont la négation fonde le modèle d’affaires des plateformes numériques, a une signification particulière aux États-Unis. Le droit du travail de ce pays se caractérise par un système normatif fragmenté et décentralisé avec une réglementation fédérale minimaliste, une grande disparité entre les régulations appliquées dans les différents États fédérés et des moyens insuffisants pour les faire respecter dans leur ensemble. Dans ce contexte, s’impose la centralité du contrat de travail, du syndicalisme et des négociations collectives d’entreprise – là où elles existent – pour la redistribution des droits et des avantages (benefits). Aussi, la régulation du travail salarié aux États-Unis est intimement liée au rapport de forces sociales de chaque entreprise. Il faut noter que seul le salarié subordonné à temps plein jouit des droits syndicaux, peut bénéficier d’une convention collective robuste et donc d’une relation de travail dite « standard employment relationship » (qui renvoie au salariat en France). Ces réalités structurelles ne sont pas étrangères à l’antisyndicalisme patronal virulent dans ce pays
Loin de constituer un ensemble cohérent, la réglementation du travail salarié aux États-Unis se caractérise par un enchevêtrement de normes, de dispositifs législatifs, de règles jurisprudentielles et de pratiques collectives héritées de périodes historiques successives obéissant à des logiques différentes
Une troisième grande loi, qui s’inscrit dans l’héritage du New Deal, le Fair Labor Standard Act (FLSA, 1938), a fixé les standards fédéraux relatifs à la semaine de travail tels que le salaire minimum, la durée légale de 40 heures par semaine et le paiement des heures supplémentaires.
Avec le mouvement des droits civils, une réglementation légale du rapport individuel de travail entre un salarié et son employeur à partir des années 1960 – Employment Law – a été introduite ; elle a profité principalement aux exclus des droits collectifs
Dans ce cadre général du droit du travail des États-Unis – Labor and Employment Law –, les droits et protections ne s’appliquent généralement qu’aux salariés ou employees à temps plein, sous contrat à durée indéterminée, qui se rapprochent du « salariat » du droit français
Le caractère décentralisé du système des négociations collectives d’entreprise s’est vu renforcé aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale sous l’impulsion conjointe des syndicats, qui cherchaient à asseoir leur pouvoir de négociation, et des entreprises à l’affut de déductions d’impôts à la faveur des pensions et des assurances maladie privées
Il n’en demeure pas moins que durant plus d’une génération, après la Seconde Guerre mondiale, l’aspiration des cols bleus américains à accéder au niveau de vie de la classe moyenne – le « rêve américain » – s’est concrétisée grâce à ce « contrat social »
Pour la juriste Veena Dubal, malgré la tendance à l’érosion des droits, et même pour les travailleurs qui ne bénéficient pas d'une convention collective négociée, la relation d’emploi salarié à plein temps représente aux États-Unis le principal rempart juridique et politique face aux inégalités et à la pauvreté. Il révèle, de ce fait, un enjeu majeur pour la démocratie. Parmi les prestations dont bénéficie le salarié, on trouve
Le recours au « salariat déguisé » (misclassified employees) comme moyen de contournement de l’emploi salarié est une pratique récurrente aux États-Unis, et ce, dans les secteurs les plus variés, qui vont des professions intellectuelles et artistiques, aux artisans du secteur de la construction et aux travailleurs les moins qualifiés, comme dans la restauration, les gardiens d’immeuble, ou dans des secteurs visés par la déréglementation néolibérale à partir des années 1970 comme le transport routier. Près de 30 % des entreprises auraient recours à cette technique aux États-Unis. L’intérêt est d’éviter le paiement des cotisations patronales qui se situent à hauteur de 20 à 30 % du salaire brut environ, ce qui a comme conséquence de priver les travailleurs de leurs droits sociaux
Le pouvoir exécutif, incarné par le président des États-Unis dispose par ailleurs d’une marge assez large de pouvoir politique. Parmi ses prérogatives, le président nomme les membres du National Labor Relations Board, l’agence chargée du bon fonctionnement des relations professionnelles. Ainsi, grâce aux membres nommés sous la présidence Biden, plusieurs décisions du NLRB relatives aux élections de représentativité ont été favorables aux travailleurs, ce qui a contribué au succès de certaines campagnes de syndicalisation récentes
Ce panorama du cadre règlementaire du travail salarié aux États-Unis fait ressortir l’ampleur de sa fragmentation ainsi que la centralité de la relation de travail salarié comme enjeu économique, social et démocratique, ainsi que son rapport indissociable au syndicalisme qui constitue le socle de l’État social. Ces failles institutionnelles, de par leur instrumentalisation, deviendront la première arme des plateformes contre l’ordre établi.
I. Le modèle californien du « chauffeur des applis » dans les zones grises : la Proposition 22
Le terme d’« ubérisation » rend bien compte de la nouveauté du phénomène mis en place par l’entreprise Uber, conformément à une stratégie délibérée de sa direction. Même si ce néologisme est depuis quelques années au cœur des débats sur l’avenir du travail, on néglige parfois de mesurer à quel point l’expérience californienne est décisive dans la mise en place d’un nouveau modèle qui prétend s’imposer partout. Lieu de naissance du nouveau service, premier État à l’avoir réglementé, la Californie est le théâtre de nombreuses dynamiques politiques qui sont devenues caractéristiques de ce modèle d’affaires, telles que nous allons les analyser ici
Nous aborderons le sujet au prisme des « zones grises du travail et de l’emploi »
L’approche des zones grises appliquée de cette manière à la régulation permet de dégager des différentes tendances et les conceptualiser au sein d’un modèle dynamique et systématique d’ubérisation. Ainsi, dans un premier temps, la stratégie d’Uber a abouti à une véritable crise institutionnelle dans l’État de la Californie
Ce qu’il faut retenir de cette période, c’est l’instrumentalisation de la déstabilisation des institutions du travail par les plateformes pour créer un espace de non-droit, de véritables bastions de contre-pouvoir contre les systèmes de régulation du transport urbain et du travail, que nous qualifions de zone grise. Devant la gravité de la situation les acteurs traditionnels ont répondu par la voie législative. Or en réagissant ainsi, ils ont procédé à un déplacement de l’ordre de la régulation, des rapports administratifs et juridiques ancrés dans la relation d’emploi contractuelle, vers la sphère politique proprement dite, que les plateformes ont finalement réussi à tourner à leur avantage.
Avec la promulgation de la loi AB5 (Assembly Bill 5) en septembre 2019
Face à ce consensus institutionnel et politique hostile à leur égard, les plateformes de transport des personnes et de livraison alimentaire ont riposté par la mobilisation, lors des élections générales de novembre de 2020, du mécanisme du référendum populaire (Ballot Initiative) qui octroie aux électeurs l’initiative législative. Sous l’impulsion des grandes plateformes – Uber, Lyft, DoorDash, Instacart, Postmates – la « Proposition 22 » a soutenu la création d’un statut de chauffeurs et livreurs des applis (transportation or delivery ‘network workers’) dérogatoire à la loi AB5, approuvée par 58% de l’électorat de l’État
Le recours à cette procédure législative d’exception marque plusieurs déplacements, dont le premier est la création dans le marché du travail des États-Unis, d’un tiers statut travailleur. Ce nouveau modèle est calqué sur celui de l’employee instaurée par la loi AB5 afin de mieux la contourner. La promesse d’avantages supérieurs – 120% du salaire minimum – est néanmoins démentie par l’introduction d’un dispositif dit de « temps engagé », c’est-à-dire d’une prise en compte dans le calcul de la durée du travail de la seule durée de la course ou de la livraison, à l’exclusion du temps d’attente connecté, qui aurait été inclus dans le cadre d’un emploi salarié. La conséquence immédiate a été la révision à la baisse du niveau de l’ensemble des rémunérations et l’exclusion des droits afférents à l’emploi, comme l’accès au salaire minimum et aux heures supplémentaires, à l’assurance chômage, au remboursement des frais professionnels, ainsi que l’exclusion des avantages spécifiques, accordés par l’État de Californie, tels que les congés maladie et familiaux (Family Leave)
Depuis lors, Uber a pris une posture de législateur, comme l’indique le titre de la Proposition 22 : « Drivers as Contractors and Labor Policies Initiative » (nous soulignons). Les pratiques d’influence exercées par le lobby fortement financée par les plateformes, combinées à d’autres pratiques d’intimidation musclées des décideurs politiques, sont désormais documentées
Les détracteurs de la Proposition 22 ont engagé une action en justice contre ladite proposition. Celle-ci est montée jusqu’à la Cour suprême de l’État sans en emporter le succès escompté
En fin de compte, la Proposition 22 s’est avérée être un cas d’école de la régulation dans les zones grises de l’espace public par de nouvelles parties prenantes
De surcroît, la campagne électorale orchestrée par les plateformes autour de la Proposition 22 a pu compter sur le soutien actif de nombreux protagonistes, en commençant par d’importantes organisations de défense des droits civils. En effet, les promesses de la création d’emplois pour les populations éloignées du marché du travail et de services rendus à des prix accessibles à des quartiers non desservis par des taxis avaient consolidé la base communautaire des plateformes. Aussi, les plateformes se sont arrogé un pouvoir « infrastructurel
L’étude de cas d’Uber en Californie démontre l’intérêt heuristique de l’analyse par les zones grises. La conceptualisation des transformations du marché du travail comme objet d’étude permet de tracer, pas à pas, les perturbations entraînées par l’ubérisation et de mesurer la manière dont les plateformes les instrumentalisent pour imposer de nouvelles normes, voire formes d’emploi. L’entrée à la zone grise par ses dynamiques permet d’apprécier tout d’abord, la capacité des plateformes à retourner les failles institutionnelles à leur avantage. Ensuite, le déplacement de la régulation vers un terrain politique peu réglementé est le levier qu’elles véhiculent pour donner une légitimité à leurs pratiques d’influence, qui avaient été précédemment tant décriées. Ainsi, avec l’avènement des « chauffeurs des applis », nous assistons à une véritable mise en scène de la régulation du travail par les plateformes grâce à leur propre action normative, qui comprend le rôle d’autres parties prenantes dont la nature pose problème en termes de représentativité et de règles. On retrouvera les mêmes scénarios, décors et acteurs par la suite dans d’autres États, où ces différents aspects auront plus ou moins d’importance. Dans tous les cas, on ne peut que constater la difficulté des organisations syndicales traditionnelles à y faire face. Une vision d’ensemble de ces phénomènes permet de saisir la stratégie suivie par Uber vis-à-vis du cadre politique (institutions, décideurs, opinion publique) pour faire valoir ce que l’entreprise tient pour son bon droit.
II. Le « chauffeur des applis » pensé comme modèle à exporter
« Des millions de citoyens du Massachusetts, chauffeurs, passagers, contribuables, peuvent dormir en paix parce que la tentative de manipulation de la loi du Massachussetts par les PDG des grandes compagnies de plateformes numériques a été invalidée par la Cour suprême de l’État »
En effet, à partir de 2021, se déroulent dans le Massachusetts, comme dans d’autres États, des scénarios comparables : délibérations parlementaires sur des projets de lois visant à créer un statut de « chauffeur des applis » par voie législative, sous la menace explicite de la tenue d’un référendum populaire organisé par les plateformes. Il s’agit d’États à majorité politique démocrate, où le statut d’indépendants des travailleurs de plateformes n’est pas à ce jour établi – contrairement à ce qui se passe dans la plupart des États dits « rouges », à majorité républicaine – où les tribunaux et des autorités ont attribué des droits importants aux chauffeurs, jusqu’à reconnaître l’existence d’une relation d’emploi salarié. Les négociations ont eu lieu entre les élus et les plateformes es qualité, qui tout en prenant en compte le rapport de force socio-politique local par l’attribution de certains avantages, ont insisté sur le principe de la négation de l’emploi salarié et du droit de grève. Nous allons étudier ces processus dans trois États sous le prisme de l’expérience californienne. La mise en place d’un statut particulier de chauffeur de plateformes numériques, dans des conditions ambigües, a pour conséquence d’entraîner des dissensions importantes au sein du mouvement syndical aux États-Unis, et cela en vue des conséquences qu’il pourrait avoir pour revitaliser le mouvement syndical
À l’heure actuelle, seul l’État de Washington a promulgué une nouvelle loi votée par le législateur au congrès local. Cette loi de janvier 2023 témoigne ainsi de plusieurs déplacements de l’ordre de régulation du travail vers la sphère politique pour enfin permettre aux plateformes d’avoir le dernier mot.
A- La première loi légiférée : l’État de Washington
Entrée en vigueur le 1er janvier 2023 dans l’État de Washington, l’Expand Fairness Act, a introduit sur le marché du travail à l’échelle d’un État fédéré un troisième statut de travailleur
Le texte de cette loi est le résultat d’un compromis négocié entre les représentants d’Uber et de Lyft – les principaux acteurs du marché, et le Drivers Union, l’organisation représentative des chauffeurs qui – n’étant pas formellement un syndicat, puisque les travailleurs indépendants sont en principe privés de droits syndicaux – est affilié au syndicat des chauffeurs de camions (Teamsters Local 117)
D’aucuns dénoncent l’institutionnalisation du statut du travailleur indépendant, l’exclusion de tout recours à la requalification salariale et le dispositif du « temps engagé » comme base de calcul de l’ensemble des avantages sociaux des « chauffeurs des applis ». Le syndicat national des chauffeurs des camions, comme les instances locales et nationale de la centrale AFL-CIO
Directement mise en cause, l’association des Drivers Union se défend : la loi accorde aux chauffeurs un niveau de rémunération et des avantages élevés, les plus élevés des États-Unis. Aussi cette loi sera, selon l’organisation mise en cause par les critiques, un levier d’organisation à travers l’ensemble de l’État
B- Le Massachusetts : le nouveau terrain de bataille
C’est désormais au tour du Massachusetts d’être le « terrain de bataille des lois sur le travail de plateformes numériques », annonce le New York Times
Une coalition, la Massachusetts Coalition for Independent Work, soutenue par les grandes plateformes – Uber, Lyft, Instacart, DoorDash
Face à ces initiatives patronales, deux projets de loi en faveur d’un statut protecteur de « chauffeurs des applis » – Rideshare Driver’s Justice Bill – sont soutenus par des syndicats, et ce, pour la première fois. À l’origine de ces projets de loi, on trouve un syndicat local des services SEIU 32BJ, le syndicat des métallurgistes (IAM), ainsi que l’Independent Drivers Guild (IDG), une association de chauffeurs affiliée à l’IAM
Ainsi, le Massachusetts devait être, en novembre 2024, la scène d’un affrontement de référendums contradictoires. Un scénario de type Proposition 22 aurait pu avoir lieu : le référendum s’imposerait contre d’éventuelles décisions en matière de requalification des chauffeurs venant de lois promulguées au Congrès ou encore d’une décision de la Cour suprême de l’État. Comme en Californie, les différents camps ne jouent pas avec des armes égales en matière de moyens mobilisés. Surtout il faut compter sur l’apparition de nouveaux acteurs à la représentativité discutable. À titre d’illustration, la Massachusetts Coalition for Independent Work a été montée de toutes pièces par les plateformes
La présence d’un troisième camp vient compliquer la situation, consolidant les oppositions qui se sont manifestées lors du passage de la loi à Washington. Une large majorité du mouvement syndical – regroupant l’AFL-CIO, le syndicat des chauffeurs des camions (local et national), le syndicat national du transport, plusieurs syndicats locaux du SEIU, et une large coalition – nommée « Massachusetts n’est pas à vendre », celle citée au début de cette section – s’est opposée aux initiatives législatives et référendaires des plateformes ainsi qu’à celles en faveur d’une négociation sectorielle promue par les trois syndicats
Selon les portes-paroles de la coalition, « les entreprises doivent assumer leurs responsabilités légales d’employeur envers les travailleurs, les consommateurs et les contribuables à qui il revient d’assumer le manque à gagner en cas d’abus des plateformes. On ne laissera pas les entreprises de la technologie acheter la loi du Massachusetts comme elles l’ont fait en Californie ». Le site de la coalition donne la voix à des syndicalistes. Le responsable du syndicat de la construction explique ainsi que « laisser les plateformes déguiser le statut d’emploi serait une violation des lois de cet État, les plus protectrices des travailleurs aux États-Unis, au nom des intérêts des plus fortunés ». Une responsable du syndicat du commerce (UFCW) avertit que « c’est ce qui s’est passé chez les travailleurs des supermarchés en Californie qui ont vu leur niveau de vie baisser à partir du moment où le statut de salarié déguisé leur a été imposé »
En juin 2024, Uber et Lyft ont conclu un accord avec l’État du Massachussetts qui met fin au contentieux juridique pour la requalification salariale en cours depuis 2020. Cet accord comporte trois volets principaux : le paiement d’une rémunération minimale avec des avantages pour les « chauffeurs des applis », le paiement d’une indemnisation aux chauffeurs qui ont engagé le contentieux juridique
Si l’accord ne fait aucune référence explicite au statut du travail, comme l’explique le communiqué du congrès de l’État annonçant l’accord, il permet aux entreprises de « continuer à traiter les chauffeurs comme des travailleurs indépendants, avec des obligations en matière de traitement et de certains avantages »
L’accord montre la voie de ce qui doit être le travail indépendant au 21e siècle. Nous sommes ravis de voir que de plus en plus de décideurs politiques soutiennent des cadres innovants, comprenant des droits portables, qui permettent d’améliorer le travail indépendant… un modèle d’équilibre entre avantages et flexibilité… montrant ce qu’il est possible d’atteindre dans d’autres États
Le nouveau statut propose aux chauffeurs les avantages les plus élevés qui existent à ce jour aux États-Unis, notamment en ce qui concerne les droits dits portables. Par exemple les heures de conduite effectuées pour le compte des deux plateformes distinctes sont désormais cumulables pour l’ouverture des droits. Leur situation reste néanmoins moins favorable que celle d’une requalification salariale, dans le cadre de laquelle, notamment, le temps d’attente aurait été comptabilisé et indemnisé.
Après s’être félicitée du haut niveau des avantages proposés aux chauffeurs, la procureure générale de l’État qui a négocié l’accord, a fait remarquer que celui-ci : « parvient à contre-carrer la menace brandie par les entreprises de vouloir réécrire le droit du travail de l’État par la voie d’un referendum en 2024, ce qui aurait donné lieu à un statut pour les chauffeurs doté de protections inadéquates et un traitement en dessous du salaire minimum »
Dans le contexte précédemment évoqué, un seul référendum populaire a été soumis aux électeurs en novembre 2024 au sujet du travail de plateformes. Présenté par la coalition des syndicats SEIU et IAM, la Ballot Question 3 introduit le droit à la syndicalisation des chauffeurs (transportation network drivers), entendu comme étant des travailleurs indépendants, et le droit des plateformes (transportation network companies) de constituer des associations professionnelles. Ce projet de loi prévoit qu’à partir du moment où une organisation syndicale obtient la signature de 25% de chauffeurs, elle est reconnue comme étant leur représentant exclusif dans la négociation collective avec droit de collecter des cotisations. Ainsi ledit projet de référendum mandate l’État du Massachusetts pour mettre en place un système de négociation collective de branche dans lequel ces organisations devraient : 1) négocier des accords (sur la rémunération, les avantages et les conditions de travail), 2) vérifier leur conformité aux normes publiques et 3) procéder à leur application. Pour être valide, ce type d’accord devra être approuvé par au moins une majorité de chauffeurs ayant effectué au moins 100 courses pendant le trimestre précédent. Le dispositif mettrait également en place une commission pouvant statuer sur des pratiques de travail déloyales (unfair work practice), concernant aussi bien celles des chauffeurs que celles des plateformes
C- À New York : le modèle du dénouement
Bien qu’on retrouve les mêmes tensions dans l’État de New York, le projet de loi qui aurait introduit un troisième statut pour le « chauffeur des applis » et la négociation sectorielle a été avorté en raison d’un rapport de forces différent entre les acteurs en présence. La New York Taxi Workers Alliance (NYTWA), aux côtés de la centrale AFL-CIO dont elle est membre associée
Pour Bhairavi Desai, présidente charismatique de la NYTWA, le projet de loi sur la négociation collective « Right To Bargain Act » de 2021 était une sorte de cheval de Troie dans la mesure où elle entérinait le statut d’indépendant, sans droit de grève et excluait tout accès aux droits et protections obtenus auprès de l’État et de la ville
L’organisation devant en bénéficier est l’Independent Drivers Guild, association des chauffeurs affiliée au syndicat de la métallurgie (IAM-AFL-CIO). Fondée en 2016, en vue de négocier un accord avec Uber, cette association a permis l’expérience d’un forum de consultation privée. Elle a remporté quelques victoires significatives, comme par exemple la première procédure contre les déconnexions abusives
Fin 2023, l’État de New York a négocié avec les plateformes Uber et Lyft des accords qui ont servi de modèle auprès des décideurs politiques du Massachussetts et d’autres États et municipalités où des initiatives législatives et des référendums sont à l’ordre du jour (dans la ville de Chicago, le Colorado, le Minnesota)
Conclusion
L’introduction d’un tiers statut pour les « chauffeurs des applis » fait son chemin aux États-Unis, notamment dans des États qui ont résisté à l'ubérisation. En attribuant un nombre limité d’avantages, Uber a adopté la posture d’un quasi-législateur sans jamais transiger sur la négation du statut salarié. Aujourd’hui le Massachusetts se trouve au centre d’un débat national relatif à la responsabilité des plateformes vis-à-vis des chauffeurs. L’accord entre les plateformes les plus importantes et l’État du Massachusetts met en place un statut de chauffeurs favorable à beaucoup d’égards, tout en entérinant l’indépendance et en excluant de fait la possibilité d’une requalification salariale. Dans la même veine, la Ballot Question 3, de novembre 2024, prévoyait la mise en place de négociations sectorielles entre organisations professionnelles représentant les « chauffeurs des applis » et les plateformes. Or, cette perspective d’une refonte du modèle des relations professionnelles aurait pour conséquence des dissensions importantes au sein du mouvement syndical.
La proposition d’un système de négociation sectorielle, portée par des syndicats, notamment le SEIU
D’autres syndicalistes et chercheurs tirent la sonnette d’alarme : selon eux, il faut éviter de tomber dans le piège d’une « pseudo-négociation de secteur » ou de se contenter de victoires à court terme, car les « raccourcis » ont toujours desservi au final les travailleurs et les syndicats
Le débat sur le renouveau du travail, des relations professionnelles et du mouvement syndical relaté ici, peut-il faire abstraction des zones grises qui caractérisent les conditions dans lesquelles il se déroule ? La constitution aux États-Unis d’un troisième modèle de travailleur est un cas d’école des zones grises mises au service d’une stratégie d’affaires qui vise à faire bouger les lignes des processus de la régulation, afin de permettre aux plateformes de jouer un rôle de quasi-législateur. Les mécanismes d’instrumentalisation et de normalisation de la démocratie directe comme instance de légifération du droit du travail ont porté un coup à la démocratie représentative. Il s’agit d’un déplacement vers l’espace public où l’argent fait la loi. Une multitude de nouveaux acteurs, dont les associations de chauffeurs financés par les plateformes, à la représentativité douteuse, sont mis en scène. On est loin de la loi Wagner qui faisait le choix d’organiser des élections de représentativité au sein de l’entreprise pour offrir un meilleur rempart contre les « syndicats jaunes », contrôlés par les employeurs, explicitement interdits par cette loi. Les mains sont désormais libres au patron d’Uber, Dara Khosrowshahi de proclamer, dès novembre 2020, la Proposition 22 comme modèle d’avenir et sous la houlette de l’entreprise : « … c’est une priorité pour nous de travailler avec des gouvernements aux États-Unis et à travers le monde pour y parvenir
Quid de la refonte des relations professionnelles qui étaient initialement établies sur un contrat social construit, bon gré mal gré, à travers des décennies de luttes sociales ? Quelle serait l’étendue des perturbations d’une structuration sectorielle fondée sur la nouvelle figure de travailleur, un tiers statut qui n’existe que dans un seul sous-secteur des transports urbains et dans certains États, ce qui porte le risque d’une aggravation de la fragmentation du marché du travail ? L’institutionnalisation du concept du « temps engagé » comme référence d’attribution des droits est désormais au cœur du nouveau modèle du « travailleur des applis », aussi bien aux États-Unis qu’ailleurs, et marque une recomposition des normes du travail. Ce critère marchand issu du dumping social se trouve aux antipodes de la mission sociale de l’État, quand il prétendait en avoir une, au nom de laquelle l’emploi avait élevé les travailleurs américains au rang de classe moyenne pour leur attribuer, comme l’avait préconisé Marshall, une certaine citoyenneté sociale
L’instauration d'une nouvelle figure du travailleur aux États-Unis, le travailleur « ubérisé », imposé par l’entreprise qui lui donne son nom, contient une ambition énorme : il s’agit de reconfigurer les relations sociales et, à terme, la société elle-même. Cela se joue simultanément sur les terrains économique, politique et symbolique. Poser ces questions en ces termes nous offre un éclairage sur le sens des évolutions en cours. Il est difficile de mesurer toutes les conséquences qui en découlent pour les travailleurs-citoyens car nous manquons de recul nécessaire, et de plus en plus de repères. L’étude de ce phénomène par le biais des zones grises représente un champ de recherche porteur.
Notes
- 1. L’autrice souhaite remercier les évaluateurs anonymes pour leur lecture fine et leurs remarques enrichissantes.
- 2. Cet article reprend les analyses de la communication de Rodrigo Carelli et de Donna Kesselman : « The Digital Economy Regulation Grey Zone: North-South Comparison Epistemologies », présentée à la 6e conférence de l’International Network on Digital Labor (INDL-6), "Digital Labor in the Wake of Pandemic Times", co-organisée par l’Organisation internationale du travail (OIT), et Digital Platform Labor (DiPLab), et Wissenschaftszentrum Berlin für Sozialforschung (WZB) à Berlin les 9-11 octobre 2023.
- 3. Nous reprenons à notre compte ce terme, formulé en français par S. Abdelnour et D. Méda, dans un sens générique. Les nouveaux travailleurs des applis, Presses Universitaires de France, 2019.
- 4. M.-Ch. Bureau, A. Corsani, O. Giraud & F. Rey (dir.), Les Zones grises des relations de travail et d’emploi. Un dictionnaire sociologique, Buenos Aires : Teseo, 2018, https://www.teseopress.com/dictionnaire/ ; M.-Ch. Bureau, A. Corsani, O. Giraud, Les Zones grises des relations de travail et d’emploi. Un dictionnaire sociologique, Tome 2, Teseo, 2024, https://www.teseopress.com/dictionnaire2/
- 5. R. Carelli, P. Cingolani, D. Kesselman (dirs), Les travailleurs des plateformes numériques : regards interdisciplinaires, Éditions Teseo, Buenos Aires.
- 6. C. Azaïs, P. Dieuaide & D. Kesselman, « Zone grise d’emploi, pouvoir de l’employeur et espace public : une illustration à partir du cas Uber », Relations industrielles / Industrial Relations, 72 (3): 433-456, 2017.
https://doi.org/10.7202/1041092ar
- 7. J. Dirringer, « La protection sociale, un « angle mort » de la régulation du travail des plateformes », Revue française des affaires sociales, 2022, 1, p.53-62. https://www.cairn.info/revue-francaise-des-affaires-sociales.htm
- 8. J.-C. Vinel, Reaction at Work: The Right Labor and the New Gilded Age, Oxford University Press, 2022.
- 9. D. Kesselman, « Le retour en grâce du syndicalisme américain », AOC (Analyse, Opinion, Critique), 6 septembre 2022, https://aoc.media/analyse/2022/09/05/le-retour-en-grace-du-syndicalisme-americain/
- 10. D. Kesselman, « Travail et salariat aux États-Unis : quels droits, quelles perspectives ? », Revue Française d’Études Américaines, n° 111, 2007, p. 6-26.
- 11. La loi pour la Sécurité sociale a été promulgué en 1935, la même année et en complément du NLRA.
- 12. Le NLRA est passée grâce au compris entre les tenants du New Deal et les élus du Sud au sein du Parti démocrate qui ont imposé l’exclusion du droit aux négociations aux secteurs de l’agriculture et du travail domestique, autrement dit aux travailleurs noirs et immigrés, qui constituaient par ailleurs la moitié de la population active de l’époque.
- 13. Le Family and Medical Leave Act, attribue aux employés éligibles le droit à un congé sans solde pour raison de maladie ou soin médicalement qualifié d’un membre de la famille.
- 14. Étant donné ses spécificités, cette figure n’est pas l’équivalent du « salarié » en France, d’où son maintien en anglais. J.C. Vinel, The Employee: A Political History, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2013.
- 15. Les protections contre la discrimination s’appliquent formellement aux travailleurs précaires, mais dans la réalité, sont presque impossibles à faire valoir.
- 16. D. Weil, The Fissured Workplace: Why Work Became So Bad for So Many and What Can Be Done to Improve It, Cambridge, MA, Harvard University Press, 2014.
- 17. Par exemple, l’accès au congé familial fédéral (Family and Medical Leave, FMLA), est réservé aux employees à plein temps, défini comme un travail effectif de 40 heures par semaine, pour une entreprise d’au moins 50 employés ayant travaillé depuis au moins un an. En revanche, la protection contre la discrimination s’applique en principe à tout employee, quelle que soit la taille de l’entreprise ou la durée de l’emploi.
- 18. Sans négociation collective, c’est l’employeur qui impose les clauses contractuelles aux travailleurs, plus ou moins négociables par l’employee selon son niveau de capital social.
- 19. La définition juridique de la catégorie de l’employee s’est réduite au fil des jurisprudences. Cette restriction est introduite par la loi Taft-Hartley de 1947. J.C. Vinel, The Employee: A Political History, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2013.
- 20. Le fait que seule une fraction des employés bénéficie du droit syndical selon la législation du travail étasunienne, est insuffisamment pris en compte lors des comparaisons qui sont habituellement faites entre le taux de syndicalisation aux États-Unis et dans les autres pays.
- 21. Les travailleurs non syndiqués qui sont couverts par une convention collective sont ceux qui ont opté de s’extraire du champ syndical dès l’embauche (union shop) ou, dans les Right-to-Work States, où le monopole syndical n’existe pas. Bureau of Labor Statistics, « Union Members Summary », January 28, 2025, https://www.bls.gov/news.release/union2.nr0.htm.
- 22.
- 23. Ainsi que leur attribution par le patronat aux travailleurs les plus qualifiés afin de les fidéliser. Catherine Sauviat, « La contribution des employeurs et des syndicats à la construction d’un marché privé du risque santé aux États-Unis », in Philippe Batifoulier, Marion Del Sol (eds), Plus d’assurance santé pour moins de protection ? Le patient face au marché, Rennes, IODE, Amplitude du Droit, Rennes, 2022.
- 24. D. Kesselman, « Le président des travailleurs ? », in L. Henneton (dir), Le Rêve américain à l'épreuve de Donald Trump Paris, Éditions Vendémiaire, 2020, p. 67-89.
- 25. P. Dine, State of the Unions: How Labor Can Strengthen the Middle Class, Improve Our Economy, and Regain Political Influence, New York, McGraw-Hill, 2007 ; D. Madland, Hollowed Out, University of California Press, 2015 ; R. B. Freeman, J.L. Medoff, What Do Unions Do, New York, Basic Books, 1984.
- 26. V.B. Dubal, « Economic security & the regulation of gig work in California: From AB5 to Proposition 22 », European Labour Law Journal, 2022, Vol. 13(1), p. 51–65.
- 27. J. Schmitt, H. Shierholz, M. Poydock, S. Sanders, « The economic costs of worker misclassification », Economic Policy Institute, 25 janvier 2023, https://www.epi.org/publication/cost-of-misclassification/
- 28. N. Srnicek, Platform Capitalism, New York, Wiley, 2016.
- 29. Pour Uber, dans le document d’enregistrement transmis en avril 2019 à l’autorité de régulation des marchés financiers, la Securities Exchange Commission (SEC), en vue de sa cotation publique.
- 30. C. Sauviat, « Le modèle d’affaires d’Uber : un avenir incertain », Chronique Internationale de l'IRES, n° 168, 219/4, p. 51-71. http://www.ires.fr/index.php/publications/chronique-internationale-de-l-ires/item/6111-le-modele-d-affaires-d-uber-un-avenir-incertain
- 31. C. Casagrande, D. Kesselman, « États-Unis : à l’origine des plateformes de VTC, à la pointe de la protection des chauffeurs », Chronique internationale de l’IRES, n° 168, décembre 2019, p. 123-138. https://www.cairn.info/revue-chronique-internationale-de-l-ires-2019-4-page-123.htm
- 32. Chez Amazon, Starbucks… Kesselman, 2022, op. cit.
- 33. Ibid.
- 34. Les deux critères retenus sous la présidence Trump étaient : le degré de contrôle de l’entreprise sur le travail et le degré d’« opportunité entrepreneuriale » dans le travail. Les nouveaux critères sous la présidence Biden incluent : (1) le droit de l'employeur présumé à contrôler la manière dont le travail doit être effectué ; (2) la possibilité pour le travailleur de réaliser des profits ou des pertes en fonction de ses compétences en matière de gestion ; (3) l'investissement du travailleur dans l'équipement ou les matériaux nécessaires à sa tâche, ou l'emploi d'assistants ; (4) le fait que le service rendu nécessite une compétence particulière ; (5) le degré de permanence de la relation de travail ; et (6) la mesure dans laquelle le service rendu fait partie intégrante de l'entreprise de l'employeur présumé.
https://www.federalregister.gov/documents/2024/01/10/2024-00067/employee-or-independent-contractor-classification-under-the-fair-labor-standards-act
- 35. V.B. Dubal, R.B. Collier, C. Carter, « Disrupting Regulation, Regulating Disruption: The Politics of Uber in the United States », Perspectives on Politics, Vol. 16, No. 4, décembre 2018, p. 919-937 2018,
- 36. Azaïs, Dieuaide, Kesselman, 2017, op. cit.
- 37. Bureau, Corsani, Giraud, Rey, 2019, op. cit.
- 38. Carelli, Cingolani, Kesselman, 2022, op. cit.
- 39. D. Kesselman, C. Sauviat, « Les enjeux de la revitalisation syndicale face aux transformations de l’emploi et aux nouveaux mouvements sociaux aux États-Unis », Chronique International de l’IRES, no. 160, 12/2017, p. 19-37. https://www.cairn.info/revue-chronique-internationale-de-l-ires-2017-4-page-19.htm
- 40. S. Grillo, « Centralidade do trabalho e políticas de governo : a experiênca espanhola para além das reformas laborais », Revista Direito Público, Brasília, Vol. 20, n. 107, 52-82, jul/out. 2023, DOI: 10.11117/rdp.v20i107.7445| ISSN:2236-1766 ; S. Grillo, J.L. Soares, « Neoliberalismo e aceleração do tempo jurídico: elementos para uma compreensão das reformas trabalhistas no Brasil », Pés no presente e olhos no futur”: reflexões sobre direitos humanos, democracia e desenhos institucionais, São Paulo, Tirant Lo Blanch, 2022, p. 148-159 ; R. Carelli, S. Grillo, M. Oliveira M., « Concept and criticism of digital labour platforms », Labour & Law Issues, vol. 7, no. 1, 2021, file:///C:/Users/26760/Downloads/13110-Articolo-47695-3-10-20210628.pdf
- 41. R. Carelli, D. Kesselman, « La régulation du travail des chauffeurs de VTC : disruption et résistance par la voie du droit », R. Carelli, D. Kesselman Chronique internationale de l’IRES, n° 168, décembre 2019, p. 29-50. https://www.cairn.info/revue-chronique-internationale-de-l-ires-2019-4-page-29.htm
- 42. Dirringer, 2022, op. cit.
- 43. Azaïs, Dieuaide, Kesselman, 2017, op. cit.
- 44. V. Lehdonvirta, Cloud Empires: How Digital Platforms Are Overtaking the State and How We can Regain Control, Cambridge, MIT Press, 2020 ; D. Kesselman, « Les zones grises de la requalification salariale des chauffeurs VTC », in P. Cingolani, D. Kesselman, 2022, op. cit.. ; S. Bisom-Rapp, U. Coiquaud, « The Role of the State towards the Grey Zone of Employment: Eyes on Canada and the United States », Interventions Economiques/Papers in Political Economy, 58, 2017, https://journals.openedition.org/interventionseconomiques/3555
- 45. D. Kesselman, C. L. Casagrande, « États-Unis - À l’origine des plateformes de VTC, à la pointe de la protection des chauffeurs », Chronique Internationale de l’IRES », Chronique internationale de l’IRES, n° 168, décembre 2019, p. 123-138. https://www.cairn.info/revue-chronique-internationale-de-l-ires-2019-4-page-29.htm
- 46. La technologie de mise en relation des chauffeurs et des passagers fait office, pour l’entreprise, de réservation préalable, qui est l’élément distinctif de ce secteur, celui du secteur des VTC – l’ancienne Grande Remise – en France.
- 47. Lancé en Europe sous le nom d’UberPop en 2014, il sera interdit dans la plupart des pays sauf la Pologne et l’Estonie.
- 48. V.B. Dubal, « The drive to precarity: A political history of work, regulation, & labor advocacy in San Francisco’s taxi & Uber Economies », Berkeley Journal of Employment & Labor Law, vol. 38, n° 1, 2017, p. 73-135, http://bit.ly/2r9BVOH.
- 49. L’arbitrage est une procédure du droit commercial. L’envoi des différends à l’arbitrage a pour conséquence d’écarter la compétence des juridictions du travail.
- 50. Epic Systems v. Lewis (138 S.Ct. 1612 (2018)
- 51. Dynamex v. Superior Court of Los Angeles (4 Cal. 5th 903 (2018).
- 52. Un travailleur est effectivement indépendant si, A) l’entreprise ou le donneur d’ordre n’a pas de contrôle sur la tâche qu’il réalise ; si, B) son travail ne fait pas partie du cœur de métier de l’entreprise ou du donneur d’ordre ; et enfin si, C) il exerce une activité indépendante, c’est-à-dire qu’il effectue des tâches similaires pour des entreprises autres que celle en position de donneur d’ordre.
- 53. La California Assembly Bill 5 ou AB 5 est une loi de l'État qui étend une décision historique de la Cour suprême de Californie datant de 2018, Dynamex Operations West, Inc. v. Superior Court (« Dynamex ». Dans cette affaire, la Cour a estimé que la plupart des travailleurs salariés sont des employés et doivent être classés comme tels, et que la charge de la preuve pour classer des personnes comme entrepreneurs indépendants incombe à l'entité qui les embauche. L'AB 5 étend cette décision à tous les travailleurs. Il leur permet d'être classés comme employés avec les protections habituelles du travail, telles que les lois sur le salaire minimum, les congés de maladie et les prestations de chômage et d'indemnisation des travailleurs, qui ne s'appliquent pas aux entrepreneurs indépendants. Les préoccupations concernant la mauvaise classification des employés, en particulier dans l'économie gigogne, ont conduit à soutenir le projet de loi, mais il reste source de division.
- 54. P. Mouron, « La ‘Proposition 22’ en Californie, une remise en cause de la loi anti-ubérisation », La revue européenne des médias et du numérique, N°56 Hiver 2020-2021, https://la-rem.eu/2021/06/la-proposition-22-en-californie-une-remise-en-cause-de-la-loi-anti-uberisation/
- 55. Dubal 2022, op. cit.
- 56. J. Borkholder, M. Montgomery, M.S. Chen, R. Smith, « Uber State Interference: How Transportation Network Companies Buy, Bully, and Bamboozle Their Way To Deregulation », National Employment Law Project, 18 janvier, 2018, http://bit.ly/35lFgZG.
- 57. K. Andrias, « The Perils and Promise of Direct Democracy: Labour Ballot Initiatives in the United States », King's Law Journal, Volume 34, 2023, Issue 2, https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/09615768.2023
- 58. Ibid.
- 59. Le dispositif du referendum populaire est présent dans une vingtaine d’États. D. Kesselman, « Ballot Issues : la démocratie directe et la société américaine dans les urnes », IdeAs 16, 2020, https://journals.openedition.org/ideas/9841
- 60. Castellanos v. State of California, Supreme Court of California, 25 juillet 2024, https://law.justia.com/cases/california/supreme-court/2024/s279622.html
- 61. Service Employees International Union (SIEU).
- 62. Selon le Service Employees International Union (SIEU), le nouveau statut des « travailleurs des applis » est anticonstitutionnel, soulevant un point de droit assez obscur. Seul le congrès, et non pas l’« électorat » à travers un référendum, serait confié avec la responsabilité d’accorder aux travailleurs les indemnisations pour l’accident du travail (workers’ compensation). L. Sumagavsay, « Uber, Lyft, DoorDash Workers remain contractors du to California Supreme Court ruling », Cal Matters, 25 juillet 2024, https://calmatters.org/economy/2024/07/prop-22-california-gig-work-law-upheld/#:~:text=In%20a%20major%20victory%20for,on%20Proposition%2022%20was%20unanimous.
- 63. Ibid.
- 64. Azaïs, Dieuaide, Kesselman, 2017, op. cit.
- 65. Andrias 2023, op. cit.
- 66. F. Siddiqui, N. Tiku « Uber and Lyft used sneaky tactics to avoid making drivers employees in California, voters say. Now, they’re going national », 17 novembre 2020, Washington Post, https://www.washingtonpost.com/technology/2020/11/17/uber-lyft-prop22-misinformation/
- 67. J. Valdez, « The politics of Uber: Infrastructural power in the United States and Europe », Regulation & Governance, 2023, 17, 177-194
file:///C:/Users/26760/Downloads/Regulation%20Governance%20-%202022%20-%20Valdez%20-%20The%20politics%20of%20Uber%20Infrastructural%20power%20in%20the%20United%20States%20and%20Europe.pdf
- 68. D. Kerr, M Varner, « Uber and Lyft Donated to Community Groups Who Then Pushed the Companies’ Agenda », The Markup, 17 juin 2021 08:00, https://themarkup.org/news/2021/06/17/uber-and-lyft-donated-to-community-groups-who-then-pushed-the-companies-agenda,
- 69. M. Gutierrez, « California NAACP leader to step down amid conflict-of-interest criticism », Los Angeles Times, 20 novembre 2020, https://www.latimes.com/california/story/2020-11-20/california-naacp-leader-to-step-down-alice-huffman
- 70. Massachusetts Is Not For Sale, https://massachusettsisnotforsale.org/
- 71. E. Mulvaney, C. Marr, « Massachusetts Justices Reject Uber-Backed Ballot Initiative », https://news.bloomberglaw.com/daily-labor-report/massachusetts-justices-strike-down-gig-backed-ballot-initiative.
- 72. Kesselman, Sauviat, op. cit.
- 73. HB 2076 - 2021-22, https://app.leg.wa.gov/billsummary?BillNumber=2076&Year=2021&Initiative=false,
- 74. Loi RCW 49.46.300, https://app.leg.wa.gov/rcw/default.aspx?cite=49.46.300&utm_medium=email&utm_source=govdelivery
Seattle Passes Gig Worker Wage Boost Despite Business Pushback
June 1, 2022, 2:51 PM
- 75. L. Stiffler, « Lyft, Uber and unions back new Washington state legislation protecting drivers », 7 mars 2022, Geekwire, https://www.geekwire.com/2022/lyft-uber-and-unions-back-new-washington-state-legislation-protecting-drivers/
- 76. Seattle City Council, « Fare Share Legislation Package », https://www.seattle.gov/laborstandards/ordinances/tnc-legislation
- 77. American Federation of Labor and Congress of Industrial Organizations.
- 78. R. Dixon, « To Members of the Washington State Senate: », NELP, 25 février 2022, https://www.nelp.org/wp-content/uploads/NELP-Letter-to-Washington-Senate-re-HB-2076.pdf
- 79. L. Stiffler, « Lyft, Uber and unions back new Washington state legislation protecting drivers », 7 mars 2022, Geekwire, https://www.geekwire.com/2022/lyft-uber-and-unions-back-new-washington-state-legislation-protecting-drivers/
- 80. T. Khurana, « Hailed As Rideshare Driver Victory, New Law Lets Uber and Lyft Limit Labor Right », South Seattle Emerald, 30 juin 2022, https://southseattleemerald.com/2022/06/30/state-rideshare-law-victory-for-drivers-or-national-campaign-to-deny-employee-rights/
- 81. J. Laundry, « Why Is the Teamsters Backing an Uber- and Lyft-Friendly Worker Classification Bill? », Jacobin, 3 novembre 2022, https://jacobin.com/2022/03/washington-state-legislature-house-bill-2076-uber-lyft-independent-contracting
- 82. K. Browning, « The Next Battleground for Gig Worker Labor Laws: Massachusetts », New York Times, 1 juin 2022, https://www.nytimes.com/2022/06/01/business/massachusetts-gig-workers-ballot.html
- 83. « Massachusetts Coalition for Independent Work », https://independentmass.org/mission/
- 84. « Health care stipend Massachusetts App-Based Drivers as Contractors and Labor Policies Initiative (2024) », Ballotpedia, https://ballotpedia.org/Massachusetts_App-Based_Drivers_as_Contractors_and_Labor_Policies_Initiative_(2024).
- 85. Il convient de souligner que dans l’État de Massachusetts le test ABC est en vigueur.
- 86. Office of the Attorney General, « Press Release AG Healey: Uber and Lyft Drivers are Employees Under Massachusetts Wage and Hour Laws », Mass.gov, 14 juillet 2020, https://www.mass.gov/news/ag-healey-uber-and-lyft-drivers-are-employees-under-massachusetts-wage-and-hour-laws.
- 87. Service Employees International Union (SIEU), International Association of Machinists and Aerospace Workers (IAM). « The Drivers Demand Justice coalition », deux projets de loi HD 2071 / SD 1162) et Rideshare Drivers Justice Bill, https://driversdemandjustice.org/about/
- 88. Protection contre la discrimination, etc.
- 89. Bien que cela implique une bataille juridique, la loi fédérale, selon les sponsors, à la différence d’une ville comme Seattle, les lois anti-trust fédérales permettent à un Etat de promulguer une dérogation en matière d’organisation et de négociation collective des travailleurs indépendants. Chris Marr, Uber Driver Proposals Extend Massachusetts Classification Fight, Bloomberg Law, 11 septembre 2023, https://news.bloomberglaw.com/daily-labor-report/uber-driver-proposals-extend-massachusetts-classification-fight.
- 90. https://yesformassdrivers.org/news/81-of-massachusetts-app-based-rideshare-and-delivery-drivers-support-a-proposed-ballot-question/
- 91. L. Maffei, « Local nonprofits join Uber, Lyft in new coalition for 'app-based workers' », 3 mars 2021, Boston Business Journal, https://www.bizjournals.com/boston/news/2021/03/03/local-nonprofits-join-uber-lyft-to-launch-coaliti.html
- 92. L. Felicity , « Uber paid academics six-figure sums for research to feed to the media », The Guardian, 12 juillet 2022, https://www.theguardian.com/news/2022/jul/12/uber-paid-academics-six-figure-sums-for-research-to-feed-to-the-media.
- 93. K. Huggins, « Lyft emerges as fundraising heavyweight in Massachusetts ahead of vote on gig work ballot initiative », Open Secrets, 1 février 2022, https://www.opensecrets.org/news/2022/02/lyft-emerges-as-fundraising-heavyweight-in-massachusetts-ahead-of-vote-on-gig-work-ballot-initiative/ ; D. Kerr, M. Varner, « Uber and Lyft Donated to Community Groups Who Then Pushed the Companies’ Agenda », The Markup, 17 juin 2021, https://themarkup.org/news/2021/06/17/uber-and-lyft-donated-to-community-groups-who-then-pushed-the-companies-agenda,
- 94. Massachusetts Is Not For Sale Coalition, « Massachusetts Voters Call on the Supreme Judicial Court to Stop Unconstitutional Big Tech Ballot Measures », Février 2024, https://massachusettsisnotforsale.org/massachusetts-voters-call-on-the-supreme-judicial-court-to-stop-unconstitutional-big-tech-ballot-measures/
- 95. Coalition d’associations de consommateurs, pour les droits civiques, d’immigrés, d’organisations religieuses, de communautés, pour l’environnement, de l’ACLU, du NLRB, du NELP, entre autres. Massachusetts Not For Sale, « Massachusetts Voters Call on the Supreme Judicial Court to Stop Unconstitutional Big Tech Ballot Measures », février 2024, https://massachusettsisnotforsale.org/massachusetts-voters-call-on-the-supreme-judicial-court-to-stop-unconstitutional-big-tech-ballot-measures/
- 96. Notamment la sénatrice de Massachusetts Elizabeth Warren, le sénateur Bernie Sanders du Vermont et de New York, le président du Sénat Charles Schumer.
- 97. K. Browning, « The Next Battleground for Gig Worker Labor Laws: Massachusetts », op. cit.
- 98. Uber et Lyft payeront 175 000 de dollars comme indemnité aux chauffeurs qui n’ont pas été suffisamment rémunérés, selon les critères du nouvel accord. Toute référence à la requalification salariale est abandonnée.
- 99. Une rémunération de 32,50$ de l’heure pendant le temps engagé ; une heure de rémunération pour congé maladie pour chaque 30 heures travaillées (jusqu’à 40 heures par semaine) : à partir de 15 heures de conduite par semaine le calcul des heures sont cumulables entre Uber et Lyft ; un financement pour profiter du système de congé familial et de congé médical de l’État de Massachusetts. Office of the Attorney General, « Uber and Lyft Settlement Information and Frequently Asked Questions », consulté le 23 novembre 2024, https://www.mass.gov/info-details/uber-and-lyft-settlement-information-and-frequently-asked-questions
- 100. Ibid.
- 101. Chris Lisinski, « Uber, Lyft to pay Mass. drivers $32 minimum wage during rides under $175 million settlement », State House News Service, 27 juin 2024, https://www.wbur.org/news/2024/06/27/massachusetts-attorney-general-uber-lyft-driver-wages
- 102. Ibid.
- 103. Office of the Attorney General, « Press Release: A.G. Campbell Reaches Nation-Leading Settlement with Uber and Lyft, Secures Landmark Wages, Benefits and Protections for Drivers », 27 juin 2024, https://www.mass.gov/news/ag-campbell-reaches-nation-leading-settlement-with-uber-and-lyft-secures-landmark-wages-benefits-and-protections-for-drivers
- 104. « Law Proposed by Initiative Petition, Full Text of Question 3: Unionization for Transportation Network Drivers », Ballotpedia, consulté le 20 novembre 2024, https://ballotpedia.org/Massachusetts_Question_3,_Unionization_and_Collective_Bargaining_for_Transportation_Network_Drivers_Initiative_2024
- 105. La NYTWA organise des dizaines de manifestations devant la mairie, des grèves dans les aéroports et des recours collectifs en justice pour la requalification des chauffeurs, des coalitions plus larges, etc., https://www.nytwa.org/
- 106. N. Scheiber, « Uber and Lyft Ramp Up Legislative Efforts to Shield Business Model », New York Times, 9 juin 2021, https://www.nytimes.com/2021/06/09/business/economy/uber-lyft-gig-workers-new-york.html
- 107. Voir supra;
- 108. B. Chen, M. Pinto, « Uber’s New Gig Worker Bill is the Same Old Trick: Deregulation and Special Treatment for Exploitive Companies », NELP (National Employment Law Project), 2 juin 2021, https://www.nelp.org/blog/ubers-new-gig-worker-bill-is-the-same-old-trick-deregulation-and-special-treatment-for-exploitive-companies/ ; Michael Sainato, « I can't keep doing this': gig workers say pay has fallen after California's Prop 22 », The Guardian, 18 février 2021, https://www.theguardian.com/us-news/2021/feb/18/uber-lyft-doordash-prop-22-drivers-california#:~:text=After%20Prop%2022%20passed%2C%20he,base%20pay%20amid%20unreliable%20fluctuations.&text=The%20minimum%20wage%20in%20California,with%20less%20than%2025%20employees.
- 109. Selon le dispositif de représentativité : la désignation par le congrès de l’État d’une organisation comme représentative unique sans élection ou majorité requise, à partir de la signature de 10% de travailleurs dans le secteur, ayant une expérience de négociation avec les plateformes depuis au moins cinq ans. S. Greenhouse, « Unionized but impotent? Row erupts over gig workers’ labor proposal », The Guardian, 27 mai 2021, https://www.theguardian.com/us-news/2021/may/27/gig-workers-unionized-but-impotent-new-york-bill
- 110. Ibid.
- 111. Bien qu’étendant ce chiffre à 25%, la Ballot Question 3 dans la Massachussetts ne répondrait pas non plus aux exigences d’une vraie représentativité.
- 112. N. Scheiber, M. Isaac, « Uber Recognizes New York Drivers’ Group, Short of a Union », New York Times, 10 Mai 2016, https://www.nytimes.com/2016/05/11/technology/uber-agrees-to-union-deal-in-new-york.html.
- 113. J. DeManuelle-Hall, « Draft Legislation in New York Would Put Gig Workers into Toothless Unions », Labor Notes, 21 mai 2021, https://labornotes.org/2021/05/breaking-daft-legislation-new-york-would-put-gig-workers-toothless-unions
- 114. Scheiber, Isaac, 2016, op. cit.
- 115. « IDG About Us », En plus de New York et le Massachussetts, l’IDG est présent dans le New Jersey, le Connecticut, l’Illinois. https://driversguild.org/about-us-2/
- 116. Uber et Lyft payeront une indemnisation de 328 millions de dollars, pour avoir abusivement imputé des taxes de vente qui auraient dû être payés par les clients. « Attorney General James Secures $328 Million from Uber and Lyft for Taking Earnings from Drivers », Office of the New York State Attorney General Letitia James, https://ag.ny.gov/press-release/2023/attorney-general-james-secures-328-million-uber-and-lyft-taking-earnings-drivers
- 117. Les chauffeurs auraient eu une heure de congé maladie indemnisée pour toutes les 30 heures travaillées, jusqu’à un maximum de 56 heures par an. Neuf chauffeurs sur dix sont des immigrés, les deux tiers travaillent à plein temps, plus de la moitié sont les gains-pain primordiaux du ménage. C. A. Young 2023, Ibid., https://www.bizjournals.com/boston/news/2023/11/03/uber-rideshare-drivers-new-york-massachusetts.html C. Marr, « Uber, Lyft Driver Pay Proposals in 2024 Shaped by New York Deal », Bloomberg Law, 27 décembre 2023, https://news.bloomberglaw.com/daily-labor-report/uber-lyft-driver-pay-proposals-in-2024-shaped-by-new-york-deal
- 118. C. A. Young, « Uber eyes NY rideshare settlements as template for Massachusetts », Boston Business Journal, 3 novembre 2023, https://www.bizjournals.com/boston/news/2023/11/03/uber-rideshare-drivers-new-york-massachusetts.html
- 119. Voir supra.
- 120. L. Cohen, « Should the Labor Movement Prioritize the Push for Sectoral Bargaining? », The Nation, 20/27 mars 2023, https://www.thenation.com/article/activism/sectoral-bargaining-labor-unions/ ;
- 121. K. Andrias, S. Block, B. I. Sachs, « A new path for unionizing Uber and Lyft », 2 décembre 2023, Commonwealth Beacon, https://commonwealthbeacon.org/opinion/a-new-path-for-unionizing-uber-and-lyft/ ; B. I. Sachs, SD. Block, « Clean Slate for Worker Power: Building a Just Economy and Democracy », Center for Labor and a Just Economy, 23 janvier 2020, https://clje.law.harvard.edu/clean-slate-for-worker-power-building-a-just-economy-and-democracy/
- 122. McDonald's, In-N-Out, and Chipotle are spending millions to block raises for their workers », CNN, 26 janvier 2023, https://www.cbs58.com/news/mcdonalds-in-n-out-and-chipotle-are-spending-millions-to-block-raises-for-their-workers.
- 123. Le mouvement à partir du mot d’ordre d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure a été porté par les travailleurs dans la restauration rapide avant de s’étendre à la grande distribution, à Walmart, Target et ailleurs. K. Andrias, « The New Labor Law », The Yale Law Journal, 126:2, 12 octobre 2016, https://www.yalelawjournal.org/pdf/a.2.Andrias.100_sa4cc96k.pdf
- 124. « Governor Newsom Signs Legislation to Improve Working Conditions and Wages for Fast-Food Workers », Governor Gavin Newsome, 5 septembre 2022, https://www.gov.ca.gov/2022/09/05/governor-newsom-signs-legislation-to-improve-working-conditions-and-wages-for-fast-food-workers/
- 125. X. de N. Lichtenstein, « Nelson Lichtensein@NelsonLichtens1 »; J.F. McAlevey, No Shortcuts: Organizing for Power, New York, Oxford University Press, 2016.
- 126. N. Lichtenstein, « Sectoral Bargaining in the United States: Historical Roots of a Twenty-First Century Renewal », in A. B. Cornell et M. Barenberg , The Cambridge Handbook of Labor and Democracy , Cambridge University Press, 2022: 87 – 101.
- 127. « Teamsters Oppose Massachusetts Worker Classification », 09 février 2023, https://www.prnewswire.com/news-releases/teamsters-oppose-massachusetts-worker-misclassification-bill-301743571.html.
- 128. E. Blanc, « Should the Labor Movement Prioritize the Push for Sectoral Bargaining? », The Nation, 20/27 mars 2023, https://www.thenation.com/article/activism/sectoral-bargaining-labor-unions/ ; Steven Greenhouse, « Is Organized Labor Making a Comback? », The Atlantic, 4 avril 2022.
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- 129. J.B. White, « Uber CEO sees California ballot initiative as a model for other states », Politico, 5 novembre 2020, https://www.politico.com/states/california/story/2020/11/05/uber-ceo-sees-california-ballot-initiative-as-a-model-for-other-states-9424660.
- 130. T.H. Marshall,« Citizenship and Social Class », in T.H. Marshall, Class, citizenship and social development, Chicago, Chicago University Press, 1963.
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